Mané Garincha est considéré comme l'un des meilleurs footballeurs brésiliens de tous les temps, et pour certains le plus grand dribbleur de l'histoire du football. Vainqueur de deux éditions de la Coupe du monde, en 1958 et 1962, il est nommé en 1998 parmi les onze joueurs de l'équipe mondiale du XX éme siècle de la FIFA.
Manoel acquiert son surnom de Garrincha de sa sœur, en comparaison avec un petit oiseau local qui préfère mourir que de vivre en cage.Au Brésil où le surnom tient une place aussi importante, notamment dans le football, rarement le mariage entre un surnom,une personnalité et une apparence aura résonné de manière aussi juste.Le garrincha se caractérise par son côté insaisissable et sa drôle de démarche, un peu dégingandée. Quand il cesse de voler et pose ses pattes, il dodeline de travers. En cela, Garrincha est vraiment un garrincha.Lorsque Mané voit le jour, la sage-femme sera la première à se rendre compte que quelque chose cloche chez le bébé. Ses jambes sont tordues. Le genou droit pointe vers l'extérieur, le gauche vers l'intérieur, et ses jambes ne font pas la même taille. A l'âge adulte, l'une sera plus courte que l'autre de six centimètres.Selon les médecins qui l'examineront plus tard, trop tard, son infirmité congénitale n'avait pourtant rien de rédhibitoire. Des réponses orthopédiques adaptées existaient déjà à l'époque. Mais dans les années 30, à Pau Grande (20 km de Magé), il ne vient à l'idée de personne, pas même à ses parents, de s'orienter vers cette piste. Infirme il est né, infirme il restera. On ne contrariera pas la nature et le destin.
Garrincha signe à 20 ans son premier contrat pour le Botafogo (club de Rio) après avoir ridiculisé l’arrière gauche du Brésil lors de son essai (« Il m’a fait danser. J’ai imposé qu’on le recrute, car je ne voulais plus jamais jouer contre lui », dira Nilton Santos). Il passera la majeure partie de sa carrière dans ce club, y remportera 3 championnats (1957, 1961 et 1962) et son surnom de « joie du peuple ».
Garincha un hédonisme footballistique!
Quand il ne le pratique pas, le football ne le passionne guère. Un jeu. Le football n'est rien d'autre que ça pour lui. Il ne sera jamais un footballeur. Toujours un simple joueur.Dix jours avant le coup d'envoi de la Coupe du monde en Suède, le Brésil affronte la Fiorentina en match de préparation contre la Fiorentina, il dribble quatre défenseurs puis le gardien, mais ne marque pas immédiatement. Il attend que le gardien revienne, le dribble à nouveau puis marque.
Ballon au pied aussi, il sort des sentiers battus. Grâce à son infirmité. Son handicap constitue l'ADN de son jeu. Notamment cet art du dribble, qu'il a porté à des hauteurs inégalées et inégalables. Il en doit la maîtrise à ses jambes tordues. Il combine une maîtrise technique innée et une vitesse folle.
Aprés le match contre l'Angleterre un joueur anglais disait :"Il est tellement insaisissable que même quand il vient pour vous serrer la main, il est impossible de savoir de quel côté il va arriver."
Avant de devenir professionnel "le petit oiseau " subit de nombreux refus. A Fluminense, Sao Cristovao ou lors d'une nouvelle tentative au Vasco de Gama, le même refus, toujours. Personne ne veut donner sa chance à un boiteux, quand bien même on le considèrerait comme un surdoué à Pau Grande. A Rio, on se fout de Pau Grande.
Pour un peu, il s'en foutrait, lui aussi, de ne pas être pris au sérieux en haut lieu carioca. Garrincha mettra du temps à envisager le football comme un possible débouché professionnel. A Pau Grande, où il intègre l'équipe seniors en 1948, il joue gratuitement. Lui veut jouer, pas travailler.
Alors, devenir professionnel... Puis il n'est pas malheureux Il n'est pas riche, mais il travaille sans trop se fatiguer, joue beaucoup au football et son statut de prodige local lui autorise un accès privilégié et peu coûteux dans tous les bars de la ville. Il aurait pu végéter là, couler des jours plus ou moins heureux, profiter de son petit vedettariat de quartier et jamais l'histoire de Mané Garrincha, "l'ange de travers", ne serait arrivé jusqu'aux aux yeux du grand monde.
En 1958 le Brésil semble invincible, mais Pelé se blesse dès le premier match. Garrincha portera l’équipe vers un nouveau titre grâce à son dribble spécial (feinte de rentrer vers l’intérieur puis course vers l’extérieur).
PELE LE ROI GARINCHA LE PEUPLE
La fameuse "Joie du Peuple", son autre surnom, un titre, même, que l'on peut renvoyer comme un miroir à celui de Pelé, O Rei. Le roi. Si le peuple respecte le souverain, il s'identifie avec Garrincha à l'un des siens, ouvrier du textile à moitié éclopé et que le succès, la gloire ou l'argent n'ont su corrompre.Le jeu est resté l'essence de tout. Il n'a jamais sacrifié à l'ambition ou la fortune une esthétique du geste, presque sacrée chez lui. Parce qu'il s'amusait, il a rendu les gens heureux. La fameuse "Joie du Peuple"une joie innocente, enfantine, et indélébile.
La fin de sa vie sera plus compliquée à cause de ses douleurs, de son alcoolisme et de son sens de la fête. Garrincha meurt en 1983 d’une cirrhose. Il reste une légende pour les Brésiliens car il n’a jamais renié ses origines modestes et le football « à la brésilienne ». A sa mort, son corps sera exposé au Maracana et des dizaines de milliers de personnes suivront le cortège à travers Rio pour célébrer « la joie du peuple ».